Mercredi 4 février, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé qu’à l’avenir, elle n’accepterait plus de dette grecque, ou de produits ayant la garantie du gouvernement grec, comme « collatéraux » (c’est-à-dire comme garanties permettant aux banques commerciales de se financer auprès de la BCE). Certains y voient un « chantage » exercé sur les Grecs, d’autres une décision « légitime » (comme l’a dit justement François Hollande).
La BCE a raison de faire preuve de fermeté.
Elle vient de faire la preuve de son indépendance puisque sa mission est de veiller, pour l’ensemble de la zone euro, à la bonne circulation de la monnaie. Il est dans l’intérêt de tous les Européens que la BCE soit exigeante sur la qualité des garanties que les banques lui apportent.
Pour aider les pays frappés par la crise, faisant l’objet d’un programme européen, la BCE avait accepté de leur faire une sorte de « faveur » : accepter des collatéraux plus risqués. Le nouveau gouvernement grec sait bien que ce geste était la contrepartie d’engagements précis. Si ces engagements sont unilatéralement remis en cause, pourquoi la BCE devrait-elle continuer à faire un effort ?
L’appartenance à l’euro suppose de respecter les règles d’un jeu collectif.
La BCE n’a d’ailleurs pas « coupé les vivres » à la Grèce qui bénéficie d’autres instruments relevant de programmes d’urgence (notamment le Emergency liquidity assistance) gérés par la Banque Nationale Grecque. Cette décision concerne d’ailleurs toutes les banques européennes disposant de ces collatéraux, et non les seules banques grecques.
Le nouveau gouvernement grec doit choisir : veut-il la confrontation ou la coopération ? Est-il capable de proposer des solutions viables ?
Depuis son élection, il a donné des signaux contradictoires. Il n’a guère soigné sa crédibilité internationale : M.Tspiras s’est allié à un parti ouvertement xénophobe et antisémite, violemment anti-allemand. Il oscille entre d’un côté une approche dure, unilatérale allant jusqu’à la menace de ne pas rembourser la dette et de l’autre, des promesses plus constructives.
M. Tspiras, légitimement élu, entend rester dans l’euro. Cela crée pour son gouvernement des opportunités et des contraintes. Il possède des marges de manœuvre mais il n’a pas le champ libre, comme il l’a imprudemment laissé croire aux électeurs grecs.
A lui de convaincre les partenaires de la Grèce et les institutions européennes, ainsi que le FMI, que son programme de modernisation du pays et de lutte contre les inégalités, est innovant et sérieux.
La BCE vient opportunément de lui rappeler qu’en tout cas, l’argent ne pousse pas sur les arbres.