Le président du MoDem a reçu vendredi les lettres des deux finalistes de l’élection présidentielle. Des réponses à son courrier envoyées dans la semaine qui rappelait ses priorités afin de pouvoir émettre une consigne de vote pour le second tour. Dans leur missive, François Hollande et Nicolas Sarkozy insistent tous les deux sur les points communs qu’ils partagent avec François Bayrou.
Il leur avait envoyé mercredi une lettre pour fixer ses impératifs, afin de se décider pour le second tour. François Bayrou va désormais pouvoir faire son choix, même s’il a déjà indiqué qu’il ne donnerait une consigne de vote qu’à l’issue du débat d’entre-deux-tours, mercredi prochain. Le président du MoDem, cinquième du premier tour de la présidentielle avec 9,1% des voix, a reçu vendredi les réponses de François Hollande et de Nicolas Sarkozy.
La lettre du candidat socialiste est plus expéditive que celle de son adversaire, qui s’étend sur sept pages quand lui n’en a écrit que deux. Dans ce courrier daté du 26 avril, François Hollande répond point par point aux cinq préoccupations du centriste : l’Education nationale, le « sérieux budgétaire », le « redressement productif », la moralisation politique et l’Europe.
Le « sérieux budgétaire », « premier moyen pour rétablir l’équilibre »
« Vous m’avez adressé un courrier qui a retenu toute mon attention et auquel je réponds dans l’esprit de respect des Français que nous partageons », écrit en guise d’introduction l’élu de Corrèze. Dans les faits, ce dernier avait déjà répondu à François Bayrou à travers les médias, comme lors de son passage à France Info jeudi. Et de la même façon, le socialiste ne fait que rappeler ses engagements, se contentant de souligner ses points communs avec le leader du MoDem.
Premier point de convergence, selon lui : la rigueur budgétaire, chère à François Bayrou. « Je ferai voter dès cet été par le Parlement une loi organique sur les finances publiques », explique François Hollande, précisant que le « sérieux budgétaire » est « le premier moyen pour rétablir l’équilibre des comptes publics ». Pour autant, le centriste s’opposait au socialiste durant sa campagne sur l’inscription de la règle d’or dans la Constitution. Ce dernier, y étant défavorable, n’en parle pas dans sa lettre.
Hollande veut « permettre de produire en France »
Le député des Pyrénées-Atlantiques avait également mis en doute la capacité de François Hollande à rétablir les comptes publics. Le candidat PS justifie donc sa volonté de créer 60.000 emplois dans l’éducation – une mesure critiquée par le « troisième homme » de 2007 – assurant qu’il s’agit « d’un effort indispensable et juste » qui « représenterait deux milliards d’euros à la fin du quinquennat ». Concernant le « redressement productif », François Hollande tente de séduire François Bayrou en affirmant que « tout sera fait pour relancer notre industrie et permettre de produire en France », la marotte du centriste.
Enfin, dans son paragraphe sur la moralisation politique, sur laquelle les deux dirigeants sont d’accord, François Hollande n’oublie pas de cibler Nicolas Sarkozy, expliquant qu’il « veut rassembler autour de [s]on projet les citoyens qui veulent en finir avec les errements d’un quinquennat marqué par les échecs et la division ».
« Comme vous, je reconnais les efforts des Français dans la crise »
Le président-candidat ne s’est pas privé d’en faire autant dans sa propre réponse envoyée vendredi soir. Au détour d’un paragraphe, le représentant de l’UMP, qui vante son « projet présidentiel appuyé sur un chiffrage extrêmement précis et rigoureux », indique « que le candidat socialiste, pour sa part, ne propose aucune mesure de réduction de dépenses publiques ». « Au contraire, il les alourdit », note même Nicolas Sarkozy.
Le chef de l’Etat loue également à de multiples reprises ses points communs avec l’ancien ministre de l’Education. « Comme vous, je reconnais les efforts des Français dans la crise », écrit-il. « Je partage votre préoccupation, la France doit être une grande terre de production », avance-t-il un peu plus loin, précisant partager son « analyse » sur la « crise de l’éducation ».
« Je me fais un devoir d’entendre la voix de tous les Français »
Egalement critiqué par le Béarnais sur ce thème, Nicolas Sarkozy explique aussi qu’une « importante modernisation » des institutions a été entreprise depuis 2007, avec une « exigence d’exemplarité ». « Cela ne nous dispense évidemment pas d’aller plus loin », souligne-t-il. »Je partage, par ailleurs, votre volonté d’introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives », rappelle-t-il. Nicolas Sarkozy se dit en revanche en désaccord avec François Bayrou sur la présence, avec droit de vote, de trois représentants des salariés aux conseils d’administration des entreprises.
Plus loin, il répond sur sa volonté de s’adresser aux électeurs de Marine Le Pen. Au cours de cette semaine, le centriste avait en effet pris ses distances avec la stratégie du candidat de l’UMP, affirmant que « cette course ventre à terre derrière les thèses du Front national est humiliante » et « vouée à l’échec ». « Je me fais un devoir d’entendre la voix de tous les Français et de toutes les Françaises qui se sont exprimés dimanche dernier », rétorque Nicolas Sarkozy dans sa lettre. Reste à savoir si ce sera suffisant pour convaincre le centriste. François Bayrou, qui peut désormais comparer ces deux courriers, a maintenant une semaine pour exprimer sa préférence.