François Bayrou était l’invité de la matinale d’Europe 1, vendredi 28 décembre. Alors que la hausse du chômage se poursuit, le leader centriste a déploré « l’opposition et la majorité qui s’accusent l’un l’autre » et appelé « toutes les forces du pays à soutenir ceux qui créent en son nom, entrepreneurs, chercheurs, artistes, capables de porter la France en avant ».
« Mois après mois, depuis maintenant vingt mois, les chiffres sont exactement les mêmes : chaque fois nous entendons 30.000, 40.000 ou 50.000 chômeurs de plus. Ce qui est frappant cette fois-ci, c’est que c’est le nombre de chômeurs sans aucune activité qui explose. On fera ce qu’il faut le jour où il y aura une mobilisation nationale du pays autour de la seule question qui compte : la production dans notre pays. Quand je parle de production, je parle évidemment de toutes les productions, industrielle, agroalimentaire, de recherche, intellectuelle, numérique, artistique, … C’est la seule chose qui permette de créer de vrais emplois », a préconisé le président du Mouvement Démocrate.
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xw9bn9_bayrou-en-guerre-contre-l-effondrement-economique_news?start=546#.UOALYqVeN34[/dailymotion]
Pour lui, « il n’y a rien de plus attristant de voir l’opposition accuser la majorité, la majorité accuser l’opposition sur le thème de l’héritage ». « Il suffit de regarder ce qui se passe pour voir que c’est le même mouvement qui se prolonge au travers du temps. Les décisions qui devraient faire que les entreprises soient soutenues – car elles sont le seul lieu où en réalité l’emploi et la création se multiplient – soient soutenues, n’ont pas été prises depuis dix ans », a-t-il pointé avec conviction.
« Le crève cœur dans cette affaire, c’est qu’il y a dix ans, la France était en tête en Europe. On était loin devant l’Allemagne dont tout le monde parle aujourd’hui. C’est cette glissade de la France sur le toboggan de l’échec économique, qui fait que nous sommes dans une situation critique. C’est une situation plus grave encore que les chiffres superficiels ne le disent, parce que ce chômage là, c’est le chômage apparent. Il y a un chômage dissimulé, tous ceux que les statistiques écartes, et si on additionne toutes ces situations là, tout ce malheur là, nous arrivons plutôt à 8 ou 9 millions de personnes et de familles en difficultés », a analysé le leader centriste.
« Nous avons essayé tous les remèdes de second ordre, tous les emplâtres sur des jambes de bois », a poursuivi François Bayrou. « Il ne reste qu’une chose à faire, que toutes les forces du pays soutiennent ceux qui créent en son nom : les entreprises, les créateurs d’entreprises, ceux qui créent des procédés, des brevets, qui sont capables de porter le pays en avant. Il faut les soutenir de toutes les manières. Il faut les soutenir pour que l’État devienne enfin efficace et non un blocage perpétuel, en cessant de les embêter avec des réglementations qui sont constamment handicapantes, il faut les soutenir fiscalement s’il le faut et moralement en étant avec eux au lieu de les montrer du doigt », a-t-il poursuivi.
« Nous manquons d’une clarification de la volonté du gouvernement »
« Je suis persuadé que François Hollande a cela à l’esprit, naturellement. Comment ne l’aurait-il pas ? Mais nous manquons d’une clarification de la volonté du gouvernement. Deux lignes s’affrontent en son sein, des gens tirent en sens inverse les uns des autres, d’autres tirent dans tous les sens. La volonté clairement établie que François Hollande avait ébauché lors de sa conférence de presse, nous ne l’avons pas retrouvé depuis. La majorité est explosée, entre ceux qui voudraient la politique de la gauche d’autrefois et ceux qui se rendent compte que le monde impose une politique nouvelle », a estimé le leader centriste.
« À Florange, on a fait croire que des solutions existaient, qui de l’aveu même du premier ministre n’existaient pas », a-t-il pris en exemple. « Surtout, on a isolé la question de Florange alors qu’il s’agit d’une question beaucoup plus vaste. On a fait croire pendant toute la campagne présidentielle à des ouvriers, des salariés, des gens tout à fait honorables, qu’il suffisait qu’on arrive et qu’on prenne une baguette magique. Évidemment, ça n’a pas été le cas », a pointé François Bayrou. « La mobilisation générale dont je parle est une mobilisation de toute la nation pour toute la production », a-t-il insisté.
« François Hollande à Rungis, c’est de la communication, comme d’habitude. On met en place des caméras et on crée l’image qui va occuper le 20h. Ce n’est pas un crime, c’est sympathique et juste d’aller saluer ceux qui travaillent, qui se lèvent tôt, qui alimentent les autres pendant les fêtes. Mais je crains que tout cela ait un air de déjà vu, qui soit pour les Français un élément de découragement plutôt que de mobilisation. Cela donne l’impression que l’on recommence éternellement avec les mêmes images et avec les mêmes mots.
« La question principale, elle n’est pas tant de la méthode, elle est de la ligne que l’on suit », a analysé le leader centriste. « S’il y a avait une ligne clairement affichée, dont on sache dans quel sens elle va, qui rassemblerait les forces de la majorité d’abord, du monde politique ensuite et du pays enfin pour avancer, il n’y aurait pas toutes ces formes de mésententes, de discordes et de critiques au sein du gouvernement. Il est de la responsabilité du président de la République de dire où son gouvernement, sa majorité et le pays doivent aller. Il a essayé de le faire à sa conférence de presse, mais depuis nous n’y voyons plus très clair », a déploré l’ancien candidat à la présidentielle.
« Ceci n’est pas favorable pour une action qui est une action de guerre. Nous sommes en guerre contre notre effondrement économique, contre l’effondrement de notre production et contre l’explosion du chômage. C’est une guerre qui, heureusement, ne fait pas beaucoup de morts sanglants. Mais elle fait beaucoup de morts moraux, dans les familles, dans les couples. C’est un dégât social énorme », a souligné François Bayrou avec gravité. Et cette situation provient du faire que la France ne joue pas des atouts qui sont les siens », a conclu le président du Mouvement Démocrate.