Parlons de croissance économique, puisque c’est la première responsabilité que nos concitoyens assignent à l’Europe. Une croissance durable, bâtie sur nos propres forces, nos atouts et nos compétences. Disons qu’il y a trois urgences : d’abord un plan d’investissements d’envergure, ensuite un soutien efficace et conséquent à la société de la connaissance et à la recherche, enfin une vraie stratégie de convergence fiscale de la zone euro. Les trois urgences sont complémentaires.
Jean-Claude Juncker a proposé que soit mis en place un fonds européen « d’amorçage » dont il assure que par effet de levier, il pourra générer 315 milliards d’investissement dans les infrastructures et les projets stratégiques. C’est une première étape, après des années de torpeur et d’inertie de la part de la Commission. Mais ce projet exige un engagement réel de la part des Etats de l’Union européenne. Un engagement qui ne sera pas seulement budgétaire. Car le pas politique qui est attendu, c’est la constitution d’un gouvernement économique de la zone euro. La première zone économique cohérente de la planète ne pourra s’affirmer, se faire entendre et respecter sans une réelle cohésion politique, singulièrement dans le domaine des règles commerciales et dans un soutien solide aux grands programmes de recherche.
Le virus de la division européenne doit être conjuré en premier lieu dans le domaine de l’harmonisation fiscale entre les États ayant en partage l’euro : impôt sur les sociétés, avec la définition d’une assiette commune, puis d’un taux moyen de l’impôt sur les sociétés. Ce but ne peut être atteint que par la mise en œuvre d’un calendrier de convergence fiscale contraignant, à cinq ans. Contrairement à ce que l’on entend souvent, la règle de l’unanimité n’est pas requise au Conseil des ministres en matière d’impôts directs : il suffit que plusieurs Etats, et j’espère que la France sera chef de file en la matière, instaurent une procédure de coopération renforcée.
La politique existe qui rendrait à l’Europe sa force de frappe économique. La seule question est de savoir si les dirigeants des pays européens le veulent.